dimanche 30 juin 2019

la confiance dans l’industrie agroalimentaire baisse


Rémi Dumery, cultivateur : «Chaque jour, la confiance dans l’industrie agroalimentaire baisse»

Dans une tribune au Parisien-Aujourd’hui en France, Rémi Dumery, cultivateur, souligne que l’agriculture va redonner confiance aux consommateurs grâce au numérique  https://t.co/PjbARCMY2r

 Selon le cultivateur Rémy Dumery, le principal enjeu de la production agricole de demain, c’est de rassurer.

Je remercie vivement  Parisien-Aujourd’hui en France de la publication de cette tribune.

Je propose sur le Blog la version longue de l'article d'origine.

Faux steak hachés, fausses promesses du bio… l’agriculture innovante permettra-t-elle de renouer avec la confiance ?

Bio qui ne tient pas ses promesses, faux steak hachés à base de gras et de soja vendus aux associations : chaque jour qui passe, la confiance en l’industrie agro-alimentaire et en l’agriculture est mise à rude épreuve. L’image de cette dernière est tout particulièrement écornée. La réponse à cette crise est endogène : elle appartient à l’agriculture elle-même. Une agriculture plus  innovante, servie par des avancées technologiques à même .

Une confiance mise à rude épreuve

La confiance des Français en l’agriculture s’érode au rythme des scandales sanitaires à répétition. La semaine passée, une enquête de 60 millions de consommateurs nous apprenait que manger bio n’apportait aucune garantie ; le jour suivant éclatait un scandale alimentaire impliquant quatre grandes associations caritatives ont été livrées des cargaisons de faux steaks hachés. Entre les rapports à charge et les escroqueries alimentaires, l’agriculture a fort à faire pour redorer son image de marque et rassurer le consommateur.

Pourtant, à en juger par le dernier sondage IFOP paru début 2019, « 74% des Français pensent que les consommateurs peuvent avoir confiance dans les agriculteurs ». Si ce chiffre semble plutôt encourageant, il doit être pris avec des pincettes, car seuls 53% les jugent respectueux de l’environnement, ce qui montre à quel point l’opinion méjuge ces professionnels pourtant, dans l’immense majorité, soucieux de préserver leur environnement via des pratiques agricoles responsables.

Il faut donc tout faire pour entretenir mais surtout consolider cette confiance. Pour cela, une seule solution : communiquer encore et encore afin de vulgariser une agriculture promise à davantage de complexification, afin de pouvoir atteindre des objectifs toujours plus ambitieux : produire pour une population croissante, tout en pratiquant toujours plus d’économie de moyens et en étant animé d’un souci constant du respect de l’environnement.

Recréer du lien entre la campagne et l’urbain

Depuis l’exode rural, le lien n’a cessé de se distendre entre les agriculteurs et les urbains. Même si depuis quelques années le phénomène des « rurbains » illustre un début de reconquête des esprits citadins par la campagne, il n’en reste pas moins qu’une majorité de concitoyens est totalement coupée de ses racines et n’a plus idée de ce qu’il se passe réellement dans les campagnes.

Comme on l’a vu, les affaires qui sortent épisodiquement dans les médias ont un effet dévastateur sur l’opinion. Et disons-le clairement, certaines personnes sont terrorisées. Aussi, nous pensons fortement que le succès du bio, ou encore de procédés tels que la biodynamie, s’explique par le fait que les consommateurs veulent connaître « le type qui fait pousser ». Et tous ces labels leur donnent l’impression de remplir cet impératif. Le milieu agricole n’en n’a peut-être pas pleinement conscience, mais l’un des enjeux de la production de demain passe forcément par cette capacité à informer et rassurer… en bref, il est impératif de mieux communiquer. La bienveillance dans les agriculteurs, les hommes et les femmes de la terre, est indispensable, mais elle est indissociable de la confiance dans les produits de nos agricultures.

Une simple campagne de marketing ne résoudra pas le problème : il faut expliquer le fond, fournir de nouveaux éléments de compréhension à un public envisageant bien souvent l’agriculture par le seul prisme de médias et associations en quête de sensationnel. A ce jour, l’agriculture a connu trois grandes révolutions. Il est impératif de mieux faire comprendre les innovations qu’apporte la révolution numérique, dernière en date, et de voir en quoi elle est à même de résoudre des problèmes qu’avait laissé en jachère la révolution verte.

La blockchain : de la fourche à la fourchette

Si l’agriculture d’après-guerre, en s’industrialisant, a réussi à nourrir l’humanité sans que cette dernière ne pose de question, elle réclame désormais de savoir comment elle s’y prend. Elle tient à savoir d’où proviennent les aliments qui finissent dans son assiette. La troisième révolution agricole possède les outils pour répondre à cette demande. Notamment via la blockchain, qui permet de tracer un aliment sur l’ensemble de la chaîne alimentaire. Ce cahier « public » dans lequel seront consignées toutes les informations sur un produit (date, conditions et lieu de production) est totalement infalsifiable et fournit une garantie inégalée. Le producteur, grâce à des solutions technologiques, peut enregistrer les données pour l’ensemble de sa récolte et fournir en temps réel ces informations. La connaissance du produit est totale.

Soucieuse de transparence, l’ONG World Wildlife Fund a ainsi mis au point une solution, fondée sur la blockchain, permettant de s’assurer que les poissons sont issus d’une activité de pêche responsable avec des entreprises qui respectent les normes de travail des pêcheurs. Un autre avantage de ces solutions de gestion des données, c’est qu’elles permettent d’informer en temps réel les distributeurs, ce qui permet ainsi de garantir la fraicheur des produits et d’éviter les pertes de marchandise dues au gaspillage. Autre exemple : la star-up Ositrade propose une solution blockchain pour le commerce de grains.


Ces solutions intelligentes font partie des nombreuses ressources de l’agriculture innovante et, comme on le voit, celle-ci est bien éloignée de l’agriculture de nos grands-parents… ce modèle illusoire auquel certains se réfèrent, sans réaliser qu’ils continuent de nous faire des promesses intenables. Mieux vaut communiquer sur les innovations qui répondront aux exigences légitimes que réclament les consommateurs aujourd’hui… c’est à ce prix qu’on regagnera leur confiance. 




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